Remarque: Cet article de blog redigé par Edwin Lerner a été traduit de l’anglais en français par Mark Godowski.
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Londres a toujours eu la réputation d’accueillir les exilés internationaux gênants. Un de ces exilés était l’écrivain français Émile Zola, arrivé à la gare Victoria le 19 juillet 1898 sans aucun bagage ni connaissance de la langue anglaise. Il passa sa première nuit à l’hôtel Grosvenor et déménagea plus tard dans le plus modeste Queen’s Hotel de Norwood.
J’y suis allé récemment pour prendre des photos et je fus heureux de voir qu’il y avait une plaque bleue en sa mémoire, même si elle était obscurcie par des échafaudages car l’hôtel était en rénovation.
Queen’s Hotel à Norwood, un quartier de Londres où le romancier français a vécu en éxil. Crédit photo: © Edwin Lerner.
La cause de la fuite de Zola de sa France natale était la fameuse affaire Dreyfus. Un officier de l’armée française Alfred Dreyfus avait été condamné à la réclusion à perpétuité sur l’Île du Diable pour avoir transmis des secrets à l’Allemagne.
Un autre officier Georges Picquart avait produit des preuves qui montraient que le vrai coupable était Ferdinand Esterhazy mais, comme Dreyfus était juif, l’antisémitisme l’emporta.
C’est Zola qui fut condamné à un an de prison et qui se vit confisquer sa Légion d’honneur pour avoir attaqué l’institution militaire dans le célèbre article «J’Accuse! » Plutôt que d’aller en prison, Zola s’enfuit à Londres et y passa près d’un an avant de retourner dans sa France natale.
Dans le sud de Londres, Émile Zola écrivit l’essentiel du livre Fécondité et une nouvelle, Angeline, inspirée d’un conte local qu’il transposa en France. Il reçut la visite d’amis et de sympathisants ainsi que de sa femme et de sa maîtresse.
Queen’s Hotel dans le quartier de Norwood à Londres: Plaque Bleue pour Emile Zola. Crédit photo: @ Edwin Lerner.
Zola avait une vie amoureuse compliquée mais il restait fidèle à la fois à son épouse Alexandrine, qui était sans enfant, et à sa maîtresse Jeanne, avec qui il eut deux enfants.
À Londres il s’ adonna à son passe-temps de la photographie et se familiarisa progressivement avec la langue bien qu’il ne put jamais supporter notre cuisine. (Un Français qui critique la cuisine anglaise? Incroyable!)
Finalement, l’innocence de Dreyfus devint évidente aux yeux de tous sauf les plus intransigeants et Zola retourna en France où il fut gracié. Cependant, il ne fut entièrement disculpé qu’en 1906, quatre ans après sa mort par empoisonnement au monoxyde de carbone.
La question de savoir si sa mort était un accident ou un meurtre reste ouverte, mais en 1953 le journal français Libération publia le compte rendu d’un aveu écrit sur un lit de mort qui affirmait que la cheminée de sa maison avait été bloquée par un anti-Dreyfusard qui travaillait sur le toit à l’époque.
Il n’est pas impossible que Émile Zola ait payé de sa vie pour avoir défendu un innocent.
On vous conseille de lire le livre de Michael Rosen «La disparition d’Émile Zola» pour en savoir plus sur Zola à Londres, et le roman de Robert Harris «Un officier et un Espion» pour l’histoire du rôle de Picquart dans l’affaire Dreyfus.
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Remarque: Cet article de blog redigé par Edwin Lerner a été traduit de l’anglais en français par Mark Godowski.
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