Remarque: Cet article de blog redigé par Alice Trickey a été traduit de l’anglais en français par Chantal Fouilloux.
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Vénéré dans le monde entier comme un des plus grands dramaturges de tous les temps, William Shakespeare a écrit quelques-unes des tirades les plus connues et les plus appréciées de la langue anglaise. Quatre cents ans plus tard, ses tirades ont encore le pouvoir de nous interroger, de nous consoler, de nous illuminer et de nous inspirer aujourd’hui.
Bien que né dans le Warwickshire, c’est à Londres que William Shakespeare s’est forgé un nom. Londres est la ville où il a passé la plus grande partie de sa vie et c’est à Londres qu’il représenta ses pièces, qu’il trouva son public et qui fut bien souvent sa source d’inspiration.
Le Londres de nos jours est bien différent du Londres de Shakespeare mais il y a encore bien des endroits fascinants qui vous permettront de découvrir la présence de Shakespeare et de son œuvre.
1. Le Théâtre, Shoreditch
Le long de Curtain road, vous trouverez une plaque verte indiquant l’emplacement du premier théâtre construit pour cette fonction à Londres. Édifié en 1576, il fut nommé ‘the Theatre’, le Théâtre.
Des pièces de théâtre étaient jouées à Londres depuis le Moyen-âge. Mais la construction de théâtres à ces fins précises, dans lesquels des acteurs professionnels jouaient devant un public contre rémunération, était une innovation nouvelle et radicale dans le domaine du spectacle de masse.
C’est là que Shakespeare écrivit et exerça comme acteur d’une troupe de théâtre appelée the Lord Chamberlain’s Men. Mais en 1598, cette troupe se fâcha avec le propriétaire du terrain sur lequel avait été construit le Théâtre. Celui-ci fut donc démonté et l’on transporta son bois de l’autre côté de la Tamise pour y construire un nouveau théâtre, le Globe.
2. Le théâtre de Shakespeare, le Globe, le long de la Tamise.
Un des théâtres les plus emblématiques de Londres, le Globe qui ouvrit en 1997 est une fidèle reconstruction du théâtre original construit en 1599. Les pièces, qui y sont jouées en été, offrent une idée précise de l’intimité et de l’immédiateté des représentations dans un lieu que Shakespeare aurait reconnu très certainement.
Il y a 400 ans, vous auriez payé un sou pour assister debout à une représentation dans le parterre devant la scène. Vous seriez qualifié de spectateur pauvre ou de sans-le-sou. À l’époque, il était courant de mâcher de l’ail cru pour se protéger de la peste et comme les représentations n’avaient pas d’entracte et qu’il n’y avait pas de toilettes dans les théâtres, il arrivait que le public fasse ses besoins sur place. Actuellement vous ne paierez que 5 livres pour assister debout à une représentation mais il y aura des toilettes!
En plus du confort moderne, quelques mesures de sécurité sont mises en place. Le premier Globe brûla en 1613. Durant une représentation de la pièce Henri VIII de Shakespeare, la bourre enflammée d’un canon de théâtre déclencha un feu dans le toit de chaume et le théâtre brûla jusqu’aux fondations en deux heures. Tout le monde put s’échapper indemne sauf un homme dont les culottes avait pris feu! Un passant, heureusement, éteignit le feu avec sa bouteille de bière. Si vous regardez avec attention le toit de chaume, vous allez remarquer un système de petits tuyaux d’arrosage utilisés de nos jours, même si la bière est toujours vendue à l’intérieur (au cas où).
Le théâtre du Globe de Shakespeare. Crédit photo: © Themis Halvantzi-Stringer.
3. Bankside
À l’époque de Shakespeare, la municipalité qui gérait la City détestait le théâtre. En effet, en 1574 elle fit approuver une loi interdisant la construction de théâtres sur son territoire. Cela signifiait que les théâtres devaient s’implanter dans les faubourgs autour de la City, hors de sa juridiction.
Tel était le cas de Bankside. Il y a 400 ans, c’était le quartier des divertissements en pleine expansion. On pouvait y trouver de tout selon ses goûts et ses revenus y compris des combats d’ours qui donnèrent d’ailleurs le nom à la rue ‘Bear Gardens’. Même si cette activité nous semble barbare de nos jours, elle était très appréciée à l’époque Élisabéthaine. Ainsi par exemple, bien qu’Elisabeth ne fréquentât jamais les théâtres, elle assistait souvent au combat d’ours. Certains de ces ours devinrent célèbres; Shakespeare fait allusion à un d’entre eux, nommé Sackerson, dans sa pièce ‘Les joyeuses commères de Windsor’.
Au bout de Bears Gardens, il y a Park Lane, le côté anciennement sordide de Bankside. Cette rue s’appelait auparavant Maiden Lane, l’allée des Jouvencelles, une référence ironique aux femmes qui exerçaient leur métier dans les bas-fonds et autres maisons closes de ce quartier. Il y avait jadis 23 de ces maisons closes, toutes agréées par l’évêque de Winchester.
4. Le Rose Theatre, Bankside
Découvert en 1989, les vestiges du Rose Theatre (construit en 1587) sont la preuve vivante de l’existence d’un théâtre élisabéthain à cet endroit.
Des archéologues mirent à jour trois quarts des fondations du théâtre ainsi que 700 objets parmi lesquels la première fourche trouvée à Londres. De précieux témoignages furent ainsi dévoilés par l’archéologie. Le bâtisseur du Rose Theatre, Richard Henslowe, était un comptable méticuleux, notant toutes les dépenses du théâtre, ses recettes, les pièces jouées, les acteurs embauchés, l’achat et le stockage des accessoires, des décors et des costumes. Grâce à cela, nous possédons beaucoup plus d’informations sur le Rose que sur n’importe quel autre théâtre de l’époque. Nous savons par exemple qu’Henri VI de Shakespeare et Titus Andronicus ont été joués pour la première fois au Rose Theatre.
Aujourd’hui, les vestiges du Rose sont conservés sous un bâtiment abritant des bureaux. Des pièces de théâtre sont encore jouées là, tout près de la scène du théâtre original.
Des fouilles du Rose Theatre, Bankside. Crédit photo: © David Sim, Wikipedia Commons.
5. Le site original du théâtre le Globe
En face du Rose, vous pouvez trouver l’emplacement initial du Globe Theatre. Seulement 5 % du théâtre a été mis à jour; le reste se trouve sous un bâtiment classé d’époque Georgienne ainsi que sous le pont de Southwark.
En 1949, un acteur américain nommé Sam Wanamaker visita le lieu. Il voulait connaître l’emplacement du Globe mais fut déçu de découvrir qu’il ne subsistait que la plaque que l’on peut voir actuellement mais apposée auparavant à la brasserie Anchor.
En 1970, Sam fonda le Shakespeare’s Globe Trust afin de pouvoir réaliser son rêve de construire la réplique du théâtre du Globe. Il mit 23 ans à trouver le terrain, les permis de construire et de lever des fonds pour la construction. Hélas, Sam ne vit jamais son projet aboutir. Il mourut en 1993, alors que le bâtiment était en pleine construction. C’est grâce à lui que nous avons aujourd’hui le théâtre du Globe et le nouveau théâtre couvert du Globe, le Sam Wanamaker, est nommé en son honneur.
6. Le George Inn, Southwark
La dernière auberge à balcon de Londres, le George Inn, nous donne un aperçu du type d’établissement utilisé par les troupes de théâtre avant les théâtres proprement dit.
Le bâtiment actuel date de 1676, il est édifié sur le site d’une auberge construite autour de 1542. Il entourait auparavant trois côtés de la cour intérieure. Les acteurs jouaient sur une scène installée au centre de la cour et le public était soit debout autour d’eux soit ils payaient un supplément pour s’asseoir aux balcons et ainsi bénéficier d’une meilleure vue.
Le George Inn. Crédit photo: © Ewan Munro via Wikimedia Commons.
7. Playhouse Yard, Blackfriars
C’était l’endroit où se trouvait le théâtre couvert de Blackfriars, considéré comme le prototype des théâtres d’intérieur (à la différence des théâtres avec parterre, non couvert).
Situé dans un réfectoire aménagé, appartenant à un grand ensemble monastique, il fut d’abord utilisé par la troupe de théâtre de Shakespeare, désormais connue sous le nom des Hommes du Roi (the King’s Men) sous le patronage de Jacques 1er en 1609.
Il est fort probable que Le Conte d’hiver et Cymbeline furent écrits en pensant au Théâtre de Blackfriars. C’était un théâtre très différent de celui du Globe. Le public était beaucoup moins nombreux et le prix des entrées beaucoup plus élevé, le rendant plus intime et exclusif. Étant donné que les représentations se déroulaient à l’intérieur, elles étaient éclairées à la bougie. Les effets de lumière étaient impossibles au théâtre du Globe où les pièces se jouaient à la lumière du jour. Il fallait également pour ce type de théâtre d’intérieur interrompre la pièce afin de couper les mèches des bougies, ce qui donna naissance aux entractes.
8. La cathédrale de Southwark
À l’époque de Shakespeare la cathédrale de Southwark était l’église paroissiale du Saint-Sauveur et de Sainte-Marie Overie (en anglais “over the water”, sur les eaux). Les tableaux panoramiques de Wenceslaus Hollar, représentant Londres, furent réalisés depuis la tour d’une église antérieure, sur le même site que l’église actuelle et fournissent la preuve graphique la plus fiable de l’existence du théâtre du Globe et des théâtres environnants.
Shakespeare connaissait d’ailleurs cette église. Son frère Edmund y fut enterrée en 1607. Le long du bas-côté sud de la cathédrale actuelle, est érigé un monument en l’honneur de Shakespeare, réalisé en 1912. Il y a également un mémorial dédié à Sam Wanamaker.
La cathédrale de Southwark la nuit. Crédit photo: © London & Partners.
9. Le pub Cockpit
En 1613, Shakespeare acheta pour 140 livres sterling la loge de l’ancien prieuré, situé à cet endroit. Des titres de propriété existent encore dans les archives métropolitaines. Elles contiennent un des six exemplaires authentifiés de la signature de Shakespeare.
En dehors des biens que possédait Shakespeare à Stratford Upon Avon, c’est l’unique propriété qu’on lui connaisse à Londres. Il n’y a aucune preuve qui suggère qu’il y ait vécu mais étant donné sa proximité avec les théâtres de Blackfriars et du Globe, il est possible que le dramaturge essaya d’en faire sa demeure.
10. Les jardins de Love Lane
Le buste de William Shakespeare est érigé là pour saluer la mémoire de ses confrères les acteurs Henry Condell et John Hemmings qui sont enterrés dans le cimetière de St Mary Aldermanbury tout près d’ici. Ces derniers ont joué un rôle essentiel dans la collecte et la mise sous presse du travail de Shakespeare. Publiée en 1623 (sept ans après sa mort), et connue sous le nom du Premier Folio, il s’agit de la première et la plus fiable compilation des 36 pièces de Shakespeare.
C’est avant tout grâce au Premier Folio que le travail de Shakespeare est connu et a survécu jusqu’à maintenant. Sans lui, beaucoup de ses pièces y compris la Nuit des rois, la Tempête ou Macbeth auraient été perdues. Et sans les pièces de théâtre, il n’y aurait pas eu de Shakespeare.
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Remarque: Cet article de blog redigé par Alice Trickey a été traduit de l’anglais en français par Chantal Fouilloux.
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