Remarque: Cet article de blog redigé par Angela Morgan a été traduit de l’anglais en français par Paolo Lo Rito.
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Octobre est le mois de l’histoire des Noirs en Grande-Bretagne. C’est une excellente occasion pour tout le monde d’en apprendre davantage sur les personnes, les lieux et les objets qui aident à raconter l’histoire de la présence des Noirs en Grande-Bretagne – ceux dont les noms ne sont pas très connus- et des événements qui mettent en valeur des ressortissants d’Afrique ou des Caraïbes en rapport avec les récits de l’histoire britannique.
J’ai choisi d’écrire sur deux artistes de cirque du 19ème siècle qui étaient très connus à leur époque. Ils faisaient partie d’une communauté qui appréciait la diversité comme attrait potentiel pour un public curieux. Aujourd’hui, ils ne sont pas très connus, mais ils font assurément partie de l’histoire du cirque. Étant donné l’époque actuelle, amusons-nous au cirque!
Pablo Fanque, le premier propriétaire noir de cirque en Grande-Bretagne
Né William Darby à Norwich, en East Anglia, en 1810, il faisait partie d’une fratrie d’au moins cinq enfants. Il n’y a pas beaucoup d’informations précises sur sa jeunesse, mais il est devenu orphelin et a rejoint le cirque à l’âge de 11 ans. En tant qu’apprenti, on le forma à divers jeux d’adresse – dégringolades, corde à pied et cascades équestres. Il fit ses débuts en 1821 en tant que «Young Darby» dans un ring de sciure à Norwich. Le jeune Darby changera finalement son nom en Pablo Fanque – un nom plus exotique qui s’inscrivait dans la tradition de créer des personnalités extraordinaires et plus grandes que nature pour le cirque. En 1834, il est repéré sous son nouveau nom à The Lawn, Croydon, lors d’une grande fête écossaise sur une corde raide.
Après 20 ans en tant qu’artiste, il devint finalement un propriétaire de cirque – le premier propriétaire noir de cirque en Grande-Bretagne. Il mena son cirque partout dans le pays, y compris en Écosse et en Irlande. En 1847, il rejoignit le célèbre cirque Astley’s Amphitheatre, qui avait sa piste juste à côté de Westminster Bridge Road. Ses compétences équestres ne passaient pas inaperçues : «comme artiste de couleur et pour son numéro, le clou de la soirée, jamais dépassé ni même égalé ».
Certains des plus grands noms du cirque sont apparus avec Pablo Fanque, sous des chapiteaux ou des structures en bois; ils étaient considérés comme les meilleurs. Cependant, son étoile commença à pâlir. Dans les années 1860, il rencontra des difficultés financières qui terminèrent par une faillite et la vente de son équipement et de son cirque.
Sa mort dans la pauvreté à l’auberge Britannia, à Stockport, en mai 1871, fut accueillie avec une grande tristesse.
En 1905, l’aumônier de la Showmen’s Guild, commentant le succès de Fanque, écrit : « Dans la grande fraternité du monde équestre, il n’y a pas de barrière raciale… la camaraderie de la Piste de cirque n’a qu’un seul critère, la compétence. »
Les fans des Beatles connaissent peut-être le nom de Fanque. Il est mentionné dans la chanson «Being for the Benefit of Mr Kite!»: le couplet en question: » The Hendersons will all be there/Late of Pablo Fanque’s Fair/What a scene! » pouvant être traduit par « Les Henderson seront tous là / en retard à la fête foraine de Pablo Fanque / Quel spectacle ! »
Pablo Fanque, premier propriétaire noir de cirque en Grande-Bretagne à l’amphithéâtre d’Astley en 1847. Crédit photo: © Domaine public via Wikimedia Commons.
L’acrobate Miss La La, la Vénus noire
À l’époque victorienne, le cirque était un endroit où les femmes pouvaient se produire sans les restrictions normales imposées à leur sexe. Elles pouvaient porter des vêtements qui leur permettaient de bouger avec aisance, comme un justaucorps, leotard en anglais, du nom de l’acrobate français Jules Léotard. C’était idéal pour les femmes acrobates.
Mademoiselle La La était l’une des acrobates les plus recherchées de l’époque. Comme avec Pablo Fanque, l’appartenance ethnique de Mademoiselle La La n’était pas perçue négativement. Le cirque regroupait des personnes de nationalités et d’aptitudes différentes. Les compétences de cette femme à la mâchoire forte avec des biceps mesurant 35,5 cm excitaient donc la foule, en particulier les membres masculins du public! Il n’est donc pas étonnant qu’Edgar Degas revint plusieurs fois lors de son passage au Cirque de Fernando à Montmartre, Paris, en 1880 pour faire des croquis d’elle, la qualifiant de « belle négresse ». Son tableau est exposé à la National Gallery de Londres.
Mademoiselle La La était née Anna Albertine Olga Brown à Stetten, en Prusse (Pologne moderne) en 1858. Elle était métisse. Elle fit son entrée dans le monde du cirque à l’âge de 9 ans. Il se peut que ses parents aient été artistes de cirque. Elle devint très habile comme funambule, au trapèze ou à la corde volante. Elle était l’une des nombreuses femmes fortes, capable de pratiquer le numéro dit de la “mâchoire de fer » (suspendue uniquement par les dents), très célèbre dans les années 1870. Son numéro favori était d’être suspendue d’un trapèze, tête en bas, avec, au bout des dents, un canon pesant près de 70 kilogrammes qui ensuite faisait feu!!
Olga visita l’Angleterre à plusieurs reprises. Elle se produisit à l’Aquarium de Westminster de février à mars 1879. En 1883, elle y présenta de nouveau ses numéros dans le cadre d’un duo nommé « Les papillons noirs et blancs », effectuant du trapèze de haut vol et des acrobaties.
Olga épousa un de ses collègues, un artiste de cirque, en 1888 et s’installa finalement à Bruxelles. On ne sait pas grand-chose de sa vie après 1919, lorsqu’elle demanda un passeport américain.
Peinture de l’acrobate noire Mademoiselle La La, Cirque Fernando à Paris vers 1879. Crédit photo: : © Domaine public via Wikimedia Commons.
Mesdames et Messieurs ! Une salve d’applaudissements pour l’incroyable artiste équestre Pablo Fanque et la Vénus Noire Mademoiselle La La!
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Remarque: Cet article de blog redigé par Angela Morgan a été traduit de l’anglais en français par Paolo Lo Rito.
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